Indemnités de Forgeard: un scandale supersonique

Publié le par Maldoror

 

Noël Forgeard, l’ex-coprésident exécutif d’EADS, maison mère d’Airbus, quitte le groupe sans gloire, avec un golden parachute de 8,5 millions d’euros. Cette prime indécente relance le débat sur l’encadrement des rémunérations des hauts dirigeants.

Accrochez vos ceintures, ça décoiffe ! Noël Forgeard, ex-coprésident exécutif d’EADS, maison mère de l’avionneur européen Airbus, a décollé de son poste avec une indemnité de départ de 6 millions d’euros . Sans oublier, bien sûr, l’inévitable prime de non concurrence de 2,4 millions d’euros ; soit, au total, 8,2 millions d’euros, pour son bref et terne passage à la tête de l’entreprise.

 La somme donne le tournis et une question me brûle les lèvres : est-ce légitime ?

 A cela, tout bon économiste qui se respecte acquiescera gravement : « Oui cela est légitime…mais seulement si la rémunération est en rapport avec la productivité ». Bref, Forgeard a t-il un bon bilan ? Evidemment, non. C’est un désastre protéiforme qui fait l’objet d’un triste feuilleton depuis juillet 2006 : retards de livraison, rentabilité en chute libre et licenciements massifs ( 10 000) s’accumulent.

Penchons nous donc vers le patronat français, et tendons l’oreille à ce qu’il nous susurrent : « Oui, cette prime est légitime, regardez donc les revenus des sportifs et des artistes, personne n’y trouve rien à redire ». Oui, c’est vrai mais au moins, eux, ils nous font rêver…

Plus sérieusement, justifie t-on une bêtise par le fait que d’autres ont fait la même ? On devine aisément les dangereuses conséquences d’un tel raisonnement. Chacun pourra se laver les mains de tout délit car d’autres le commettent aussi. Non, la tautologie et le sophisme ne justifie rien.

 Indécence

Finalement, quelque soit le bout par lequel on les prend, ces indemnités fleurent bon l’indécence. Alors, que faire ? La réponse se voulait, pourtant, définitivement apportée en 2005, par Thierry Breton. Le ministre de l’Economie venait, en effet, de faire voter une loi sur « la confiance et la modernisation de l’économie ». Améliorer la transparence sur la rémunération des hauts dirigeants devait faciliter l’autorégulation. Cqfd. Et avec quel succès. Les golden parachutes ont continué à illuminer l’actualité économique : Antoine Zacharias, de Vinci (13 millions d’euros), Daniel Bernard, de Carrefour (9,5 millions), ou encore Serge Tchuruk, d’Alcatel ( 5,6 millions).

 

Des dérives d’autant plus nuisibles qu’elles contribuent à dégrader davantage, la confiance des français dans l’entreprise, et ce faisant, participent à entretenir un climat de défiance généralisée , néfaste à la timide reprise économique qui s’annonce. Rappelons, cependant, au passage, que la rémunération moyen d’un patron de PME est de…3900 euros mensuels : confortable sans être excessive.

 Il faudra donc que les politique revoient leurs copies. Et, pour le coup, tous sont d’accord sur ce point, que ce soit François Bayrou, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy.

 Cependant, seraient-ils tous d’accords avec George Orwell, lorsque celui constatait en 1945, dans « La ferme des animaux », que « tous les animaux sont égaux mais certains plus égaux que d’autres » ? Rien n’est moins sûr.

 

 

Publié dans Humeurs

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