La Banque Centrale Européenne procède à un nouveau tour de vis monétaire

Publié le par Maldoror

Alors que l’inflation semble sous contrôle, la BCE persiste sur sa ligne de durcissement monétaire et relève son principal taux d’intérêt directeur à 3,75% ; de quoi attiser les critiques de tous bords.

 

 

 La Banque Centrale Européenne (BCE) a procédé, jeudi 8 mars, à un nouveau relèvement des taux directeurs de la zone euro d’un quart de point. Le principal jalon de la politique monétaire européenne s’élève désormais à 3,75% ; son plus haut niveau depuis cinq ans et demi .L’affaire était entendue et largement anticipée par les marchés monétaires et financiers suite aux appels répétés de Jean Claude Trichet, président de la BCE, à une plus « grande vigilance ».

 

« Risques d’instabilités »

 

Cette décision « prend en considération les risques d’instabilités des prix à moyen terme », a t-il précisé avant d’ajouter que « les taux d’intérêts restent modérés » et la « politique monétaire encore accommodante ».

 

Sur un plan macroéconomique, Jean Claude Trichet a dressé un tableau très positif de l’économie de la zone euro qui devrait afficher des taux de croissance- revus à la hausse- de 2,5% en 2007 et 2,4% en 2008. Trichet continue, en outre, de surveiller de « très près » le « risque inflationniste ». Il s’inquiète notamment de la forte augmentation des prêts accordés au secteur privé (à un rythme annuel proche des 10%) ainsi que des risques concernant l’évolution à la hausse des salaires et du prix du pétrole ; annonçant ainsi, à demi mot, un prochain resserrement de la politique monétaire en juin prochain.

 

 Une inflation sous contrôle

 

Pourtant, s’agissant de l’évolution des prix, Eurostat, l’institut statistique communautaire, a revu à la baisse l’élévation des prix à la consommation dans la zone euro à 1,8% pour 2007. Un niveau conforme à l’objectif de stabilité de la BCE, qui se situe légèrement en dessous de 2% d’inflation annuelle. Ce qui fait bondir Marc Touati, économiste à l’ACDE : « même en adoptant uns vision exclusivement monétariste de la recherche d’une faible inflation, il n’y a pas d’argument recevable à la remontée du taux refi » .

 

 Ainsi, en persistant sur sa ligne de durcissement du crédit, la BCE met en péril les prémisses d’un dynamisme économique retrouvé. « Si la BCE ne comprend pas son erreur et continue de relever ses taux, prévient John Monks, président du CES , la reprise à long terme sera menacée » .

 

Le haut niveau de l’euro face au dollar et au yen est aussi montré du doigt. Il est, en effet, à l’origine d’une dégradation de la compétitivité des produits européens sur les marchés internationaux. « On n’a pas fait l’euro pour qu’on ne puisse plus construire un seul avion en Europe », s’exclame Nicolas Sarkozy dans l’émission de France 2 « A vous de juger » . Et de poursuivre : « qu’on arrête de kidnapper l’euro comme cela : l’euro doit être au service de la croissance et de l’emploi, et pas simplement de la lutte contre une inflation qui n’existe plus ».

 

Et Christophe Blot, économiste à l’OFCE , de conclure : « Dans ces conditions, la BCE pourrait se consacrer à l’autre objectif que lui assigne le traité de l’Union Européenne : apporter « son soutien aux politiques économiques générales de la zone euro ». Chiche ?

Publié dans Actualité économique

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