Triste avenir que celui de la jeunesse française..

Publié le par Maldoror

Chômage massif, précarité, déclassement, dépendance : l’Académie des sciences morales et politiques nous dépeint l’avenir morose des jeunes d’aujourd’hui. Un état des lieux sans concession.

En pleine campagne présidentielle, l’Académie des sciences morales et politique (ASMP) donne de la voix concernant l’avenir des jeunes. Le ton est alarmant : « La France prépare mal l’avenir de sa jeunesse » , préviennent les Sages.

En effet, « un fossé de plus en plus profond se creuse entre les conditions d’existence des générations précédentes et celles des jeunes d’aujourd’hui », indique l’ouvrage. « D’où d’ores et déjà le désarroi, l’inquiétude de nombreux jeunes et trop souvent, leurs réactions de violences ». Les manifestations étudiantes anti-CPE du printemps dernier en sont une parfaite illustration.

 La faute au chômage, d’abord. Depuis 25 ans, le taux de chômage des jeunes n’est jamais descendu en dessous des 18%, soit le double de celui observé pour les adultes ! Avec à la clé des emplois de plus en plus précaires. Ainsi, 1 jeune sur 4 n’a pas décroché d’emploi stable trois ans après la fin de se formation, contre 1 sur 10, seulement, en 1982. Les jeunes sont, en fait, les victimes d’un marché du travail dual : très dur au début, doux ensuite. «C’est sur eux que pèsent les exigences croissantes de flexibilité du marché, dès lors que les travailleurs en place voient leurs emplois très fortement protégés », précise Marcel Boiteux, président de l’ASMP en 2002. Le marché du travail présente ainsi une sorte de « file d’attente », et, c’est seulement passé la trentaine, qu’on peut enfin bénéficier d’un CDI et de garanties plus fortes.

Désillusions

Mais le malaise des jeunes tient aussi à certains effets pervers générés par l’évolution du système éducatif. Ainsi, l’ouverture plus large de l’école, de l’université et l’amélioration générales des qualifications, n’ont pas favorisés l’emploi des jeunes. « Cette ouverture a engendré autant de désillusions qu’elle avait suscité d’espoir », constate, amer, Marcel Boiteux.

 

 D’une part, l’inflation du nombre de diplômés s’est accompagnée d’une cruelle dépréciation de la valeur des diplômes. Dès lors, ceux-ci conduisent plus sûrement au déclassement qu’à l’emploi. D’autre part, l’égalité des chances n’a pas progressé. « Elle a même régressée pour les plus grandes écoles », déplorent Pierre Mesmer et Raymond Barre, deux anciens Premier ministre, ayant préfacé le rapport. Et de poursuivre : « les fils d’ouvriers et d’employés représentaient 25% des admis à Polytechnique il y a 50 ans ; ils sont 1% aujourd’hui ». Eloquent.

 

Au final, avec l’allongement des études et les difficultés d’insertion sur le marché du travail, les jeunes restent dépendants de leur famille beaucoup plus longtemps qu’autrefois . « Or c’est sur les épaules de cette jeunesse mal émancipée que va porter le poids des retraites généreuses de leurs aînés, et le service d’une dette publique explosive », s’alarme les éminences de l’ASMP...sans, toutefois, chercher à remédier aux problèmes soulevés.

 

« Nous nous sommes interdits, après le diagnostic, de proposer des médications qui auraient donné à notre rapport l’allure d’un programme de gouvernement », indique Marcel Boiteux. « Ce n’eût pas été convenable ».

 Pas convenable...mais sage !

Publié dans Actualité économique

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